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3323: photo by Petros Kotzabasis (pkomo), 24 December 2012
The Last Poem
I’ve dreamed so much of you
Walked so much
Talked so much made love to your shadow
So much that there’s nothing left of you
What is left
Of me is a shadow
Among shadows but 100
Times more shadowy than the rest
A shadow that will come
To rest
In your life in which the sun
Is so much.
Robert Desnos (b. Paris 4 July 1900, d.Theresienstadt concentration camp, 8 June 1945): Le Dernier Poème (The Last Poem), addressed to the poet's wife Youki, found in his effects after his death at Theresienstadt concentration camp, 8 June 1945; English version by TC
Nous sommes à jamais perdus dans le désert de l'éternèbre (We are forever lost in the desert of eternal darkness): still from Man Ray and Robert Desnos: L'etoile de mer, 1929; image by SOLARIXX, 19 January 2012
Le dernier poème
J'ai rêvé tellement fort de toi,
J'ai rêvé tellement fort de toi,
J'ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu'il ne me reste plus rien de toi,
Il me reste d'être l'ombre parmi les ombres
D'être cent fois plus ombre que l'ombre
D'être l'ombre qui viendra et reviendra
Dans ta vie ensoleillée.
2675: photo by Petros Kotzabasis (pkomo), 30 August 2012
5302: photo by Petros Kotzabasis (pkomo), 8 September 2010
J’aitant rêvé de toi (1926)
J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m’est chère?
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués, en étreignant ton ombre, à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années, je deviendrais une ombre sans doute.
Ô balances sentimentales.
J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille. Je dors debout, le corps exposéà toutes les apparences de la vie et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venus.
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu’àêtre fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l’ombre qui se promène et se promènera allégrement sur le cadran solaire de ta vie.
[The eyes of Robert Desnos]: image by Camilo_ Hoyos, 9 May 2009